jeudi 18 novembre 2010

Musique Infinie, Infinitésimale.


La France n'a pas pour tradition d'être un grand pays rock.
Elle est certes fameuse pour son fromage, son vin, son Johnny, son petit Président et sa Grande Première Dame, mais pas suffisamment pour sa culture alternative. Peuchère.
A côté de ça, une poignée d'irréductibles gaulois arrivent encore et toujours à faire fi de l'envahisseur "nouvelle-vague-française-soupape-trendy-de-la-variétoche-moche".
Parmi ces fieffés bourrés de zèle, nommons l'impressionnant Jad Wio.

Une entité bicéphale au son fédérateur, créé en 1982 par Denis Bortek, monsieur Loyal au look de dandy décalé et narquois, et de Christophe K-Bye, le guitariste chaussé de lunettes et de cuir.
Le groupe flirte avec différents styles (batcave, rock, electro...), mais avec une élégance qui lui est toute particulière.
La force du groupe réside dans des textes ciselés tels de petites histoires, parfois coquines, dans un français presque châtiée, mais où se distille une merveilleuse perversion.
Notons également des prestations scéniques toujours théâtrales et souvent sauvages.

Ci-dessous, la liste non-exhaustive de leur discographie, histoire de dire qu'on ne vous ment pas sur la marchandise (c'est surtout une invitation implicite à ECOUTER, nom d'un chien !) :

  • Cellar Dreams (1982)
  • Contact (1989)
  • Fleur De Métal (1992)
  • Cosmic Show (live de 1994)
  • Monstre-toi (1995)
  • Nu Clé Air Pop (2005)
  • Sex Magick (2007)
Mon attachement particulier à Jad Wio s'explique par la frustration. Celle qui veut que la France nous prive de certains genres musicaux par pur chauvinisme et un rejet pur et simple des grands mouvements.
Distillant une pop glaçante, mâtinée de goth, de rock et surtout, d'une personnalité presque schizophrène ; Denis Bortek incarne à merveille différents personnages : montreur de freaks, allumé de l'espace, être androgyne par excellence et parolier de génie.
L'extravagance de Jad Wio est mise en sommeil pendant une décennie, et 2005 marque le retour de la formation de base, avec Christophe K-Bye à la guitare, remplacé par le Baron sur l'album "Monstre-Toi".
Le dernier album en date, "Sex Magick", une merveille rock'n'roll finement électrique, conte l'histoire de Diane Orlow, alias Lilith Von Sirius, égérie underground qui fricota avec la crème de la mouvance sombre (Einstürzende Neubauten notamment), et courtisane de luxe. Un destin roller-coaster, collant parfaitement avec le bestiaire freaky de ces frenchies qui ne pratiquent pas la langue de bois.

Et puis, parce qu'on ne se moque pas de vous...







Emmanuel D.