Buvez à la Sainte Coupe des Musiques Universelles !
Celles qui tiennent au corps comme un hiver tenace, qui enchantent les matins pluvieux et dynamisent une déjà bien belle journée qui s'annonce.
Elles nous enchaînent et se déchaînent en nous, fastueux délice.
Les superlatifs sont l'enrobage à un groupe déjà bigrement pourvu de tous les superlatifs possibles, je ne fais qu'ajouter un caillou à un édifice bien ancré.
Parler de Depeche Mode, c'est comme déguster lentement avec le doigt le reste d'une glace au caramel, suave et sucrée, et d'en recommander une autre parce que oui, cela est bel et bon.
C'est s'affranchir des codes, se crêper les cheveux, faire l'amour, le refaire, jouer à faire le beau.
Depeche Mode sont les rois, au sommet de leur art depuis bientôt 30 ans, et rien ne peut les détrôner de leur étincelant piédestal.
C'est une histoire somme toute banale que celle des gars de Basildon, cité-dortoir et mouroir des adolescents en mal de sensations.
L'idéal pour passer de la composition de sons à la mode rapide.
Vince Clark, Martin Gore et Andrew Fletcher s'échappent dans la musique pour éviter de dépérir.
C'est lorsqu'il découvre le jeune Dave Gahan, rebelle punk bien dans ses boots, leur interprétant "Heroes" de David Bowie que la machine infernale se met en branle, pour ne jamais s'assoupir.
Le quatuor timide d'échevelés notoires enclenche sa marche impériale avec "Speak and Spell" en 1981, album sautillant s'il en est, composé majoritairement par Vince Clarke, le quatrième luron qui, bientôt harassé par le succès, préférera quitter la formation, laissant les trois restants un peu sur la paille avant l'arrivée d'Alan Wilder, qui va vraiment apporté au son de Depeche Mode sa couleur particulière.
La carrière du groupe est jalonné de moments intenses jusqu'à l'extase pure, entre effluves alcoolisées et traînées blanches envoyées de par le nez, un poison insidieux mais tellement jouissif, qui annoncent aussi la chute.
Faisant suite à la trilogie berlinoise, formée des albums "Construction Time Again" , "Some Great Reward" et "Black Celebration", l'épique "Violator", produit par Flood, est le Graal pour tout fan de DM qui se respecte. Une fine pierre ciselée de titres devenus ancestraux, à l'image de "Personal Jesus", "Enjoy The Silence" et "World In My Eyes". L'album de la maturité mais aussi de la descente dans les abysses. Le groupe sort éreinté de la tournée qui s'ensuit, et devient l'ombre de lui-même, déchiré par des mésententes internes qui annoncent une fin inéluctable.
Le retour, en 1993, avec "Songs of Faith and Devotion" marque le climax de cette chute, qui ne sortira la tête de l'eau qu'à la sortie, trois ans plus tard, de l'aérien et feutré "Ultra", avec un Dave Gahan régénéré et à la voix toujours aussi divine.
Depuis lors, Depeche Mode s'est inscrit dans la durée, avec des albums égaux en qualité, sans réelles surprises et innovations, mais qui ont permis de forger une identité musicale et une reconnaissance par la scène techno naissante, qui a adoubé nos trois cabaleiros coiffeurs, les érigeant en papes incontestés.
Tout est bon dans l'cochon, comme on dit, mais dans le rosbeef aussi !
L'Angleterre reste une manne pour la musique actuelle, déversant son flot (et son flow !) de groupes à mèches et héritiers des Stones ou des Beatles, mais il faut bien dire aussi que les anciens ont toujours voix au chapitre et se débrouillent, comment dire, plutôt bien.