mardi 27 juillet 2010

Ce qui fait planer Marilyn rend Manson plus fort.



Individu ô combien publique, entité anthropomorphique aux visages aussi différents que ceux de Michael Jackson au fil des années, une capacité à renouveler son persona avec un enthousiasme totalement délirant, une machine "tubesque" bien rôdée qui tend à un seul but ; vous punir sévèrement de n'être que des cloportes mal embouchés.
Marilyn Manson, c'est ça ; un sale gosse qui ferait des tartes aux pommes pour sa mère grand, un terroriste qui enterrerait dignement les victimes de son jihad, un artiste profondément underground dans l'idée, mais insensiblement médiatisé et sur lequel les spots se braquent, parce que cela est bel et bon.
Alors, par ici la polémique ; mon but n'est pas de faire la nique aux partisans du "il s'est fait enlever une côte pour s'auto-administrer une turlute royale" ou "il martyrise des canaris sur scène et leur mange la tête, genre Bernie" ou bien "Mais nan t'es ouf, c'est pas une lentille, c'est un oeil de verre".
Non.
N'est pas Perez Hilton qui veut. D'accord, ça peut être cool de se payer la tête du vilain Manson, au patronyme tout à fait antinomique.
Mais il faut avouer que c'est bien grâce lui que la plupart des irréductibles fan de musique ont mis la main aux fesse du Côté Obscur.
Avant les sombres et puantes années 90, Marilyn Manson était Brian Warner (appelation d'origine incontrôlée), un Spooky Kid énervé qui avait un groupe en "Trucmuche et les Trucmachins". En l'occurrence, des Spooky Kids. Accompagné de son éminence grise, mélange hérétique entre l'icône mode du Swinging London, Twiggy, et le serial-nocturne "Night Stalker" Richard Ramirez, le "wacko latino", tueur en série et fan de heavy metal, il s'attaque à la scène sombre avec véhémence et avec l'air d'un Willy Wonka dégénéré.
Premier album : "Portrait of An American Family" (1994) ; Manson se veut l'anthropologue d'une Amérique sclérosée et adepte du "couch potatoe" maléfique.
Récidive un an plus tard, avec "Smells Like Children", bande-son hallucinée et empoisonnée d'une épopée enfantine.
Le pinacle arrive l'année suivante et se nomme "Antichrist Superstar" ; macabre et gavé de toiles d'araignée, il marque l'apogée du malsain et la fin d'une collaboration fructueuse, celle d'avec son mentor, Trent Reznor, leader pas tranquille de Nine Inch Nails.
L'album suivant, paru en 1998, "Mechanical Animals", est un pur chef-d'œuvre organique, hommage non-dissimulé au faste du Bowie des années 70, notamment Ziggy Stardust.
1999 ; année du massacre de Columbine. Manson réplique aux accusations qui lui sont portées par un album enfanté douloureusement, et intitulé "Holy Wood".

A partir de là, la carrière du grand Ponte du Farcesque et du Grotesque perd un peu pied, même si l'album "The Golden Age of Grotesque" (2003) comporte quelques sympathiques hymnes capables de réveiller les plus morts d'entre nous.
Divergences amoureuses, notamment avec l'effeuilleuse en chef Dita Von Teese, et clip torride avec sa nouvelle jeunette, Evan Rachel Wood, dans le cadre de l'album "Eat Me, Drink Me" (2006), le Révérend se perd un peu musicalement, notamment après la rupture d'avec l'inénarrable Twiggy Ramirez, parti batifoler chez A Perfect Circle et Nine Inch Nails entre autres.
Récemment, la maison de disque de Manson l'a congédié, pour ventes insuffisantes...
Plutôt ironique pour celui qui démocratisa le metal de manière outrancière, se jouant des médias avec une habileté presque (m)obscène. Haha.
Jamais homme n'aura autant divisé les esprits ; malgré tout, il demeure un artiste complet et visuellement intense, c'est un peu notre Lady (Doll-Da)Gaga (Buzz-Buzz-Ziggety-Zag) à nous.

Parce que nous sommes tous des nobodies, qui veulent être somebodies.





Emmanuel D.

1 Psaumes:

Stéphane Von Brach a dit…

comment ne pas aimer cet article et ton écriture qui le congédie tout de suite au rang de suprême !

Stéphane

ps : tu veux une blague? ma chapka à moi pour mon commentaire, c'est "nobodies"...coïncidence? je ne crois pas!